Temps des cathédrales
Hier soir, te raconter. Comment ai-je commencé ? Je me répète.
Je n’avais pas compris qu’il s’agissait de former une communauté. Y aller ce n’était pas une difficile décision de prise.
Il y avait le rite, ce cercle qui revenait souvent.
Le premier contact physique a eu lieu lors du premier cercle. Je regardais cette fille nous prendre par la main, deux par deux nous réunir jusqu’à former un cercle de neuf, elle-même, Incluse. Une forme de rite pratiqué par des ouvriers avant de débuter la construction des cathédrales. Rapport des corps.
Les appuis. Un rythme, la respiration. Nous:
Ruines d’étranges vies, tempêtes organiques.
Coordonnées. Les mains jeunes.
Si ce n’était pas une danse, nous avons été seules.
Si ce n’était pas un mur … Si être présent n’était pas un défi, alors retenir et dévoiler les courbes du caractère et de la partie la plus résistante de la personnalité.
Nous avons pourtant essayé de faire surgir la vérité de nos personnes.
Car la base de toute renaissance se fonde dans cette sincérité, et dans la destruction. Car la base de tout recommencement est dans la foi, se réunir autour d’une pensée fugace, autour d’une voix tenace.
Quel rassemblement ?
Nous avons pourtant essayé de faire surgir la vérité de nos personnes.
A force de chercher, chez moi, je n’ai rien trouvé de solide.
Aucune surprise. Je n’ai pas trouvé de forme ni de matière.
Dite complexité, la mienne réside dans la peur que la clarté des choses m’évoque.
Les silences taisent le vide. Dans le mieux, le risque de la mal compréhension.
Je crois comprendre. Et par ces moments, j’incarne les pires caractères humains.
Ce qui m’a donné force, mon cher, c’était la faiblesse dans leurs genoux, et par là, clairement, j’ai trouvé l’amour. Et quand c’était le mien, mon cher, ce corps qui tremblait, j’ai aimé leur force, et je suis tombée à leurs genoux.
Épuisées à demander l’amour qui est dû aux personnes telles quelles sont. Le soi qu’enfin elles reconnaissent, et elles protègent.
Elles s’énervent.
Lèvent la voix et se trompent de mots. L’émotion ne dévoile pas sa cause.
La cause dite, s’éduque. Et l’éducation nous incite à choisir nos raisons.
Sans elle, on serait enfin uniques.
Je reste insensible dans mon coin.
Belles, ensemble recréent les jours que dehors le monde rejette. On veut voir le monde avec nos plus beaux yeux. - elles fabriquent l’environnement.
...et mon jeu d’apparition. Ai-je créé de l’ombre ?
Ma force nait dans le bain de mon irrémédiable solitude. Elle prend fin par la chaleur et l’amour des autres.
Car je m’en ivre. Je joue sur les pistes du souvenir.
De quelque chose que j’ai bien ressenti un instant, quelque part, dans une tentative de résurrection.
Mais que désormais m’échappe. J’ai mal joué.
A chaque diffèrent regard, j’adresse une image en particulier. On ne me paye pas.
Je ne crois pas aux histoires, mais le mythe m’emporte. Car je suis curieuse je pourrais observer toute ma vie, mais je ne peux pas jouer car je n’ai pas de foi.
Je suis condamné à ne pas construire car je n’ai pas la foi.
Les secrets des cathédrales.
C’est comme de l’eau que j’ai ramassée pour faire boire les visiteurs.
Ce qu’ils demandent !
Quand on joue le cercle, les yeux ouverts.
Je m’entraine, je crois comprendre.
Novembre 2021